La cuisinière d'Himmler de Franz-Olivier Giesberg
Le nom de l'auteur fait peur. Nous voyons tous à son évocation, cet homme communément considéré comme intelligent, que les journalistes font intervenir sur des sujets aussi divers que sérieux. Et pourtant, c'est un roman léger, bourré d'humour, qu'il nous offre ici.
Nous sommes en 2012, Rose fête ses 105 ans en compagnie de ses quelques meilleurs amis, personnages aux mille couleurs, loufoques, à l'image de cette première. Alors qu'elle est à l'aube de la fin de sa vie, elle reçoit un drôle de faire-part de décès, qui l'a renvoi dans son passé et de ce qui a fait d'elle ce personnage quelque peu insensé...
Rose a traversé le XXe siècle, en en subissant tous les travers, toutes les horreurs qui l'ont composés. D'origine Arménienne, à 8 ans, elle vit le génocide. Puis, ce sera le nazisme qui l'engloutira dans sa folle course, et enfin, le communisme chinois qui emportera son deuxième amour. Entre chacun de ses événements historiques, la vie ne l'épargnera pas et lui réservera multiples épreuves et décadences.
Malgré tout cela, Rose vivra sa vie plus ou moins sereinement, avec pour seul credo : "Si l'Enfer, c'est l'Histoire, le Paradis, c'est la vie". Femme de son temps, elle se pliera toujours aux moeurs en cours et n'oubliera pas d'aimer et de désirer, que ce soient les hommes ou les femmes. Maîtresse de son présent et de son avenir, elle appliquera régulièrement la loi du talion, oeil pour oeil, dent pour dent ! et n'oubliera pas de mettre à profit chaque instant pour composer son bonheur personnel.
Alors, c'est certain, maintenant que je me relis, je me rends bien compte que le sujet paraît grave. Mais toute la beauté du roman réside ici : malgré la dureté apparente du texte, celui-ci se révèle en fait plein de joie et d'humour. Truffé de petites phrases sensibles et fines, nous passons un excellent moment à lire La cuisinière d'Himmler... pour preuve ces quelques exemples :
"La cinquantaine obèse, il était la preuve vivante que l'homme descend moins du singe que du cochon."
"C'est un secret encore très bien gardé, mais un homme sur deux est une femme. Donc toutes les femmes sont des hommes, encore que, Dieu merci, tous les hommes ne sont pas des femmes."