Cette nuit, je l'ai vu de Jancar Drago
Nominé pour le prix de Littérature Européenne de Cognac, c'était parmi la sélection, le roman qui me donnait le moins envie de lire. Mais finalement... Il aurait vraiment été dommage de louper ça!
Ce roman est un texte à plusieurs voix où cinq personnages-narrateurs racontent à tour de rôle leur histoire commune avec Veronica. Mais qui est Veronica? C'est le personnage central de l'oeuvre, physiquemment absente mais psychologiquement omni-présente. Cette jeune femme excentrique et vivant en dehors de la réalité de la Seconde Guerre Mondiale disparait un beau jour avec son mari. Chacun s'interroge alors sur son devenir et sur ce qui a motivé cette disparition. Chacun raconte également quelle femme fantasque elle était et ce qu'elle représentait pour lui.
A travers cette histoire, l'auteur raconte également la Slovénie en temps de guerre et la situation complexe qui y règne avec un pays d'abord opposé à l'Allemagne puis pro-allemand, divisé entre l'occident capitaliste et l'orient communiste. La guerre n'a rien de facile et dans ce roman cette complexité est vraiment mise en avant. On rencontre des personnages des deux camps et certains pour qui cela n'importe pas, on comprend chacun de leurs arguments et ça devient vraiment monstrueux tant les cas de conscience qui incombent aux personnages nous tombent également dessus et deviennent source de questionnement sur ce qu'aurait pu être notre propre comportement.
Si vous hésitez encore à découvrir ce roman, surtout passez outre le résumé de la quatrième de couverture et la couverture elle-même qui s'en doute ne vous encourageront pas à découvrir cette merveille. C'est vraiment une oeuvre magnifique.