Le miel de Slobodan Despot

7 octobre 2014

Rare roman issu des pays Balkans traduit en français, le miel implique le point de vu des serbes dans la guerre serbo-croate, vision peu ou pas considérée en Europe. D'où l'une des moralités fondatrices de ce texte : "La réalité change en fonction du regard que nous posons sur elle."

L'histoire est celle d'un homme, père de famille, qui pendant la guerre part à la recherche de son vieux père fantaisiste dans ce qui était auparavant la Serbie et qui aujourd'hui est un état étranger ennemi.Les personnages sont assez étranges, tout comme l'est le mode narratif. Le fils est dur mais pourtant crève de trouille à chaque menace réelle ou supposée. Le père, vivant retiré dans les montagnes avec ses abeilles, semble frêle et faible. Pourtant, pendant le voyage, il se révèlera le plus endurci et le plus débrouillard.

C'est aussi un visage pacifiste de la guerre ; celui de l'entraide et du soutien entre ennemis et/ou amis. Le côté loufoque vient, lui, de l'objet qui sera la base de ce lien indéfectible entre les gens, savoir le miel.

Ce qui reste complexe dans ce court roman, à la limite de la nouvelle, est la narration. Le lecteur ne comprend pas très bien qui est le narrateur, pourquoi un échange entre deux personnages, pourquoi l'intervention de Véra, personnage qui ne trouve pas toujours sa place parmi le court du récit.

A l'image du Square de Marquerite Duras dont je vous ai parlé il y a quelques temps, c'est un texte qui mérite très certainement une relecture et bien plus d'attention qu'il n'en laisse paraître. Un roman qui semble simple et sans fond et qui pourtant nous entraîne dans des profondeurs illimités.